GALERIEGalerie Grippaldi

Filippo Grippaldi est présent depuis près de 30 ans dans le domaine de la peinture ancienne en tant que conseiller et restaurateur, il ouvre sa première galerie dans la Principauté de Monaco en 2004.

La Galerie GRIPPALDI propose essentiellement des tableaux de Maîtres Européens du XIVème au XXème siècle.


Galerie Grippaldi
7, Av. Saint Michel
98000 Monaco
www.grippaldi.com
contact@grippaldi.com
tel. +377 97981410

EXPOSITIONARMAN, LES ANNEES 60 24 avril - 4 juin 2019

On pourrait l’appeler décennie d’or. Les douze œuvres présentées ici ont vu le jour entre 1961 et 1970. Dix années durant lesquelles Arman va contribuer activement à une des aventures artistiques les plus marquantes du siècle, le Nouveau Réalisme, et mettre au point les procédés qui feront de ses créations l’aventure singulière que fut la sienne.

En 1960, Arman expose en compagnie de Jacques Villeglé, Jean Tinguely et Raymond Hains à la Galleria Apollinaire de Milan. Pierre Restany, le théoricien du groupe, écrit alors : « Nous nous acheminons vers le nouveau réalisme de pure sensibilité. L’homme, s’il parvient à se réintégrer au réel, l’identifie à sa propre transcendance, qui est émotion, sentiment et finalement poésie, encore. » Quelques mois plus tard, les mêmes artistes entourés d’Yves Klein, François Dufrêne, Martial Raysse et Daniel Spoerri signent, à Paris, le manifeste des Nouveaux Réalistes. L’impulsion est donnée. Pour Arman, elle ne s’arrêtera qu’avec sa mort.

À l’époque et à l’instar des autres membres du groupe, Arman ne vit pas de son art ; il doit enchaîner les petits boulots pour se nourrir. Mais c’est bien la production d’œuvres qui l’occupe. Les inventions et découvertes s’enchaînent. Abandonnant la peinture elle-même, l’artiste lance ses "Cachets", composés de d’empreintes de tampons répétés à volonté. Puis viennent les "Allures", impression par la couleur de la trace de quelques objets sur un support. Le pli est donné. Passant de l’objet utilisé comme outil ("Allure") à l’objet considéré comme œuvre d’art, Arman donne naissance aux "Accumulations" qui constituent, selon les mots de Bernard Lamarche-Vadel, la « colonne vertébrale » de la démarche de l’artiste. Exposées à New York en 1961, ces "Accumulations" influenceront un jeune artiste du nom d’Andy Warhol, un an avant qu’il n’expose lui-même ses fameuses "Campbell’s Soup". Il convient de citer encore les "Colères" (objets détruits) et les "Poubelles", productions typiques de l’artiste.

Avec les "Accumulations", Arman, encouragés par les expériences de ses aînés (œuvres dadaïstes et "Ready Made" de Marcel Duchamp), revendique l’émergence d’un regard neuf posé sur la société urbaine et industrielle, sa production et ses déchets.
Des déchets constituent ainsi "Bacille" (1961), accumulation de bobines de film usagées, ou le "Sans titre" de 1963 (vis rouillées). Les productions industrielles modernes sont une cible privilégiée pour Arman qui accumule ainsi des bobines électriques ("Sans titre", 1961), des disques aluminium ("Clinibare E.D.F.", 1962) des valves de bouteilles d’oxygène ("Oxygénation", 1964), et joue avec l’aspect coloré de fusibles électriques ("Sans titre", 1964) et de composants électriques ("Cloud Burst", 1968).
L'automobile étant l’objet industriel par excellence, Arman conclut, en 1967, un accord avec la régie Renault, qui fournit à l’artiste les pièces détachées, matière première des "Accumulations Renault" qui seront exposées deux ans plus tard à Berlin (Kunshalle), Amsterdam (Stedelijk Museum) ou Paris (Arts décoratifs).
Parmi ces œuvres figurait notre accumulation de fils électriques malicieusement intitulée "Spaghetti sauce Renault".
A l’inverse des Accumulations qui concernent des objets produits en série, les "Colères" d’Arman portent sur des objets « nobles », et plus souvent sur des instruments de musique. La colère "Sans titre" de 1962 montre une guitare brisée violemment par l’artiste. Le geste est plus chirurgical dans la "Colère de violons" de 1970, les instruments ayant été soigneusement découpés avant d’être présentés. Avec "Accumulation de téléphones" (1969) et "Violons éclatés", on semble se situer entre la colère et l’accumulation, la violence destructrice ayant été suivie d’une mise en espace très étudiée.
De fait, la reconnaissance arrive au cours de ces années fécondes, en Europe comme aux Etats-Unis, où Arman passe désormais une partie de l’année. En 1964, l’artiste organise ses deux premières expositions personnelles dans des musées, au Walker Art Center de Minneapolis et au Stedelijk Museum. La même année, il reçoit le Deuxième prix à la Biennale de Tokyo, puis le Grand Prix Marzotto en 1966. La consécration arrive avec la participation d’Arman, en 1968, à deux des manifestations artistiques les plus significatives : la Biennale de Venise et la Dokumenta de Kassel. Les pièces ici présentées témoignent bien de l’éclosion et de l’affirmation de l’œuvre d’un artiste qui, désormais, compte parmi les grands de son siècle.

ARMAN, Armand Pierre Fernandez dit, (Nice 1925 - 2005 New York)