GALERIEGALERIE GRIPPALDI

Filippo Grippaldi est présent depuis près de 30 ans dans le domaine de la peinture ancienne en tant que conseiller et restaurateur, il ouvre sa première galerie dans la Principauté de Monaco en 2004.

La Galerie GRIPPALDI propose essentiellement des tableaux de Maîtres Européens du XIVème au XXème siècle.


GALERIE GRIPPALDI
7, Av. Saint Michel
98000 Monaco
www.grippaldi.com
contact@grippaldi.com
tel. +377 97981410

EXPOSITIONSerge Poliakoff

L’oeuvre de Serge Poliakoff est aujourd’hui reconnue comme étant l’une des plus importantes de l’Art Abstrait et même de la peinture moderne. Peinture dont l’harmonie de l’espace produit le silence absolu. «Quand un tableau est silencieux cela signifie qu’il est réussi … une forme doit s’écouter et non se voir» disait Serge Poliakoff à Michel Ragon son premier historiographe. Comme ses tableaux, le peintre était silencieux, intériorisé, habité de sérénité et curieux des mystères de la peinture. N’alla-t-il pas, se cachant des gardiens, jusqu’à gratter la couche supérieure d’un sarcophage pour voir comment cela était peint ! Passant outre les interdits, ce geste fut d’une importance considérable lui révélant l’importance des sous-couches, l’importance de ce qui est derrière, l’importance des couleurs dissimulées et l’importance des modifications que ces couleurs sous-jacentes apportent aux couches supérieures. De la profondeur des tons et des vibrations de la matière naît la lumière intérieure par laquelle le tableau, sans gesticulation, vit. Par cette ascèse des couleurs, par l’ascèse structurelle des formes, les tableaux de Serge Poliakoff sont frères cadets de la musique de Stravinsky. Personnalité d’un bleu, d’un rouge sur le bleu, d’un bleu sous le rouge, d’un blanc sur le bleu, quelques formes, simplicité, minimalisme structurel, puissance des masses qui ne se détachent pas du second plan mais s’inscrivent dans la surface et non pas sur la surface. Formes qui s’articulent avec les autres, qui se bloquent mutuellement sans s’annuler, homogénéité classique hors toute rigueur géométrique répétitive.

Voici une œuvre « Composition bleu, blanc et rouge » de 1962 qui dans son apparente simplicité impose sa formidable capacité à réduire les éléments qui la composent, ne sombrant jamais dans le déséquilibre toujours menaçant, qui naît de la contradiction entre les couleurs et de la contradiction entre les formes. Dans cette œuvre, Serge Poliakoff est au bord du précipice, en équilibre entre matière physique sensuelle et lumière intérieure, entre métier et esprit, entre réflexion et amour. Amour méditatif des éléments picturaux devenus architecture simple et silencieuse, sorte de méditation spirituelle sur la présence, sur le fait d’être là, sur l’émergence de la contemplation. De ce tableau monte une lumière intérieure générée par la profondeur des tons, par l’équilibre des formes entre-elles et par les vibrations intenses de la matière. C’est cette matière-couleur qui confère aux formes leurs évidences. L’artifice ici rejoint la complexité formelle après s’en être, dans un premier temps, éloigné.

Qu’est l’abstraction de cette œuvre sinon une part d’esprit qui monte de la nuit et renonce aux foisonnements de ses formes qui papillonnent joyeusement mais dispersent l’attention Plus de traits cernant, entourant, traversant la surface colorée, cette œuvre est un ensemble organique vivant, palpitant du frémissements harmoniques des couleurs intégrées à une matière riche en vibrato, comme un violon respire et tremble.